LES PELOUSES SYNTHÉTIQUES AU COEUR DU DÉBAT
- Hortense
- 30 mai 2015
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 févr. 2018

Article publié le 30 mai 2015 sur canada2015.fr : http://www.canada2015.fr/les-pelouses-synthetiques-au-coeur-du-debat/
La Coupe du Monde se jouera principalement sur pelouse artificielle, ce qui n’a pas manqué de créer une polémique, certaines joueuses se sentant discriminées par rapport à leurs homologues masculins.
Depuis l’annonce que quatre stades du Mondial féminin sur six seront équipés de pelouses synthétiques, de nombreuses voix s’élèvent contre cette décision. En effet, rien dans le dossier de candidature du Canada n’augurait cela. Ainsi, l’Américaine Abby Wambach avait été la première à se plaindre sur les réseaux sociaux, protestant que « les hommes feraient grêve s’ils devaient jouer sur une pelouse synthétique ». La joueuse, Ballon d’Or féminin 2012, avait même lancé une pétition pour avertir la FIFA.
Son combat a rapidement été rejoint par une soixantaine de joueuses, comme l’Espagnole Vero Boquete et la brésilienne Marta. Toutes ensembles, et avec leur avocat Hampton Dellinger, elles ont déposé une plainte devant le tribunal des Droits de l’Homme de l’Ontario pour un « problème d’égalité des droits ». Le mouvement a même reçu le soutien de personnalités, comme l’acteur Tom Hanks, le basketteur Kobe Bryant, ou encore de sénateurs américains. Le gardien de la sélection américaine Tim Howards a aussi déclaré : « Je suis aux côtés des joueuses de l’équipe US dans leur quête d’une Coupe du monde féminine jouée sur une vraie pelouse». La pétition intitulée « La Coupe du monde doit se jouer sur une pelouse naturelle », a été signée aujourd’hui par plus de quinze mille personnes. Le mouvement a également créé une affiche afin de rallier encore plus de personnes à sa cause.
Le véritable problème de la pelouse synthétique repose sur le fait qu’elle puisse engendrer de nombreuses blessures, comme des brûlures. Pour la gardienne allemande Nadine Angerer, plonger sur une pelouse artificielle, « c’est comme plonger sur du béton ». De plus, un autre risque a été souligné par l’Académie Américaine de Neurologie, selon laquelle les commotions cérébrales seraient plus nombreuses pour les athlètes évoluant sur des terrains synthétiques. Du côté des sélectionneurs, Philippe Bergerôo assure que « Il faut reconnaître que le fait de jouer sur surface synthétique change pas mal de choses » et que « les joueuses risquent davantage de se blesser à la réception des sauts. Le jeu aérien devient de ce fait plus aléatoire » et l’allemande Silvia Neid s’offusque du rôle de « cobaye » que tiendront les joueuses.
L’an dernier, la Coupe du Monde féminine U20 s’était également tenue au Canada, sur terrain artificiel. Le sélectionneur français Gilles Eyquem avait alors déclaré que ses joueuses avaient eu des problèmes d’adaptation et avaient souffert de plus nombreuses crampes qu’à l’habitude.
Le mouvement réclame donc une égalité avec les joueurs masculins, qui disputent leur Coupes du Monde sur surface naturelle. Wambach espère ainsi que le mouvement « débouchera sur un activisme généralisé en assurant aux sports féminins un traitement plus équitable » et que « les réactions provoquées par cette action au sein des joueuses et des supporters réduise les chances que pareille injustice se reproduise un jour ». Quant à leur avocat, il assure que les joueuses représentées « sont déterminées à ne pas laisser le sport qu’elles aiment se faire rabaisser. Avoir une pelouse lors du Mondial est un combat que les joueuses ne devraient pas avoir à mener. Nous espérons que l’équité et l’égalité vont finir par l’emporter face au sexisme et à l’entêtement. ».
La FIFA et son comité médical se sont défendus en assurant que « Les surfaces reproduisent très fidèlement les qualités de l’herbe naturelle, les surfaces ne majorent pas les risques de blessures ». L’association, contactée par le journal LE MONDE se contente de rappeler le règlement et l’article 14.5 de la Coupe du monde 2015 : « les matchs seront disputés sur gazon naturel ou, par une dérogation spéciale de la FIFA, sur des surfaces artificielles », ainsi, aux vues des conditions météorologiques du Canada, elle a accordé une dérogation spéciale pour ce Mondial. Enfin, elle rappelle que : « La FIFA reste un ardent défenseur d’un traitement égal entre hommes et femmes dans tous les aspects de la vie. Son engagement envers ces principes est inébranlable. »
Enfin, des joueuses habituées à jouer sur une pelouse artificielle défendent cette surface, préférant un bon synthétique qu’une mauvaise pelouse naturelle.
Pour clore cette polémique, un compromis a été trouvé : la finale se jouera sur un gazon naturel, à Vancouver, le 5 Juillet prochain. Cette Coupe du Monde sera une exception dans l’histoire, puisque dès 2019, en France, elle se jouera sur une surface naturelle.
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